ForeCast #14 - Tokens, NFT : Décryptage par un expert

Gaspard Broustine - NFT Project Manager chez Ledger

Les professionnels ont intérêt à se renseigner sur les tokens et les NFT 💡

Tout à fait! Les NFT c’est déjà un marché énorme. Rien que ses applications au marché de l’art représentent déjà 41 milliards de dollars de transactions… 😮

Les NFT ne vont pas servir qu’à collectionner des GIF animés, le secteur de la finance ne va pas être épargné.

Dans ce second épisode spécial Blockchain, j’ai l’honneur d’échanger avec Gaspard Broustine, NFT Project Manager chez Ledger.

Gaspard nous donne non seulement les clefs pour mieux comprendre ces nouveaux types d’échanges, mais également des conseils pour débuter sur le marché des tokens.

Dans cet épisode :

  • 👉 Qu’est ce qu’un token ?
  • 👉 Comment fonctionnent les transactions sur ce
    marché ?
  • 👉 Quels sont les points de vigilance à avoir à
    l’esprit lorsqu’on souhaite se lancer ?
  • 👉 Les NFT ne se limitent-ils qu’au marché de l’art
    ?
  • 👉 Quelles places devront adopter les acteurs
    récents et traditionnels au sein de cette toute nouvelle économie ?

Transcription - Que sont les tokens et les NFT ? Décryptage par un expert

La tokenisation, qu’est-ce que c’est ?

La tokenisation vient du mot token, c’est le le mot Anglais pour jeton. Un token, c’est la représentation digitale d’un droit de propriété. Ce qui est intéressant avec la tokenisation, qui est une technologie basée sur la blockchain, c’est que ça permet ensuite de pouvoir échanger ses droits de propriété, donc ses jetons, sur un marché qui est liquide, mondial, ouvert 24/7 et où il n’y a pas de tiers de confiance qui viennent valider que ces échanges soient bien authentiques. Les deux parties, l’acheteur et le vendeur, se mettent d’accord et le titre s’échange de pair à pair sans tiers de confiance. 

Quels sont les différents types de tokens ?

Les jetons peuvent représenter différents types d’actifs.

Ça peut tout d’abord être des actifs dits intangibles, comme de la propriété intellectuelle ou des brevets.  

Ca peut aussi être des actifs dits fongibles, c’est ce qui se rapproche le plus des monnaies, mais aussi des actifs qui s’échangent comme le blé, l’or ou le pétrole. 

Si on prend l’exemple d’un baril de pétrole :  quel que soit le baril, il n’y a pas de différenciation entre ce baril, le numéro 8 et le numéro 10. C’est le contraire des actifs non fongibles, et c’est notamment le sujet des NFT, où on vient représenter des actifs qui sont tous uniques et différents. 

Cela représente la plupart des actifs qui sont aujourd’hui en circulation dans le monde. Dans le cas de deux maisons, chacun des actifs sont non fongibles car ils sont complètement différents l’un de l’autre, une maison n’étant pas égale à une autre.  

Voilà pour les différents types de classes d’actifs que l’on peut échanger et tokeniser. 

C’est un titre de propriété sur quelque chose de vraiment très spécifique et dont les caractéristiques ne sont pas les mêmes qu’un autre type de propriété, qu’un autre token, qui serait sur la même sur la même chaîne. 

Le token est un mélange entre un droit de propriété et une preuve d’authenticité sur un objet digital. Ces objets digitaux, en particulier dans les NFT, sont matérialisés en premier sur de l’art digital parce que dans l’art, on se rend compte que ce qui fait la valeur d’une œuvre est souvent l’authenticité de celle-ci. Par exemple, on peut avoir un tableau de Picasso sur son mur dans son salon et ne pas avoir le titre de propriété ou le titre d’authenticité. Si on essaie de le mettre en vente sur une maison aux enchères, personne ne voudra le prendre et ça vaudra probablement zéro. 

Si on n’est pas capable de confirmer que ce tableau a bien été peint par Picasso, ça n’a aucune valeur, tout simplement. Et ce qu’apporte la blockchain, c’est justement d’avoir une traçabilité et un historique complet et transparent d’une œuvre d’art digitale, et ce depuis sa création jusqu’au propriétaire en incluant tous les propriétaires successifs qui l’ont possédé. 

Qu’obtient-on exactement au terme d’un transfert de NFT ?

Les NFT ont vraiment explosé sur l’art digital, donc par définition il n’y a pas d’œuvres physiques qui sont associées à une vidéo ou encore à une musique. Ce sont des objets qui ont été créés nativement sur Internet. C’est un nouveau marché : celui des œuvres nativement digitales. 

Lors d’un transfert de NFT, on s’échange le jeton qui est associé à l’œuvre. Cette œuvre peut être plein de choses différentes, tout type de création numérique en réalité. Généralement, ce sont plutôt des créations culturelles. De la création visuelle en 3D, en 2D, de l’illustration, mais aussi de la musique, de la vidéo, de la photographie, puisqu’une photographie aujourd’hui c’est complètement numérique.  

Maintenant, on entend aussi de plus en plus parler des applications dans le gaming où, avec des jeux comme Fortnite par exemple, et même avant ça des jeux comme Candy Crush, on s’est aperçu que les gens étaient prêts à payer pour des objets digitaux qui vivent à l’intérieur de ces jeux vidéo, comme des skins. L’intérêt des NFT, c’est qu’on va pouvoir sortir ces items de gaming du jeu et les échanger ensuite sur des marketplaces et pouvoir tirer profit de ces heures de jeu et de ces items.

Quels sont les avantages des NFT et de la Blockchain dans la transaction d’objets numériques par rapport aux marketplaces et autres méthodes d’échanges qui existent déjà ?

Tout d’abord, ça apporte de la confiance entre l’acheteur et le vendeur. Cette technologie des NFT, basée sur la blockchain et sur la cryptographie fait qu’il peut y avoir un échange entre un vendeur et un acheteur qui ne se connaissent pas, qui sont probablement à l’autre bout du monde, et qui n’auraient pas tendance à se faire confiance. 

Avec la Blockchain, un échange peut se passer de manière complètement transparente en faisant respecter les termes du contrat sans qu’une tierce personne vienne valider les termes des deux parties, comme le ferait un notaire.  La validation est faite automatiquement par des contrats qui vivent sur la blockchain. 

Par conséquent, le premier avantage, c’est d’avoir des frais moins importants puisqu’on vient supprimer une étape. 

Ensuite, l’intérêt, c’est d’être sûr que l’œuvre est bien authentique et provient bien de l’auteur. On peut le vérifier car ce sont des informations ouvertes à tout le monde. On ne peut entre guillemets pas se faire avoir un faux Picasso puisqu’on aura la vérification que l’artiste aura bien fait une signature digitale de cette œuvre, tout le monde pourra le vérifier. Ça apporte vraiment beaucoup de confiance et de la valeur dans ces NFT. 

Toute l’information sur la vie et l’historique de ce NFT est complètement transparente. On peut remonter jusqu’à la création du NFT, faite par l’artiste lui-même, et pouvoir voir ensuite tous les prix de vente et tous les acheteurs qui se sont succédé. 

Ça permet aussi de faire une analyse assez précise du bon prix auquel acheter un NFT. On ne va pas acheter une œuvre à 100 si le vendeur précédent l’a acheté à 1, sauf évidemment s’il y a une énorme inflation sur la cote de cet artiste. 

C’est de la transparence et ça vient un peu à contrepied du système existant où il y avait seulement quelques maisons d’enchères, comme les plus connues Christie’s, Sotheby’s, etc., qui gardent précieusement dans leur coffre tout l’historique des œuvres d’art majeures. Sans elles, on ne peut pas revendre un Picasso puisque ce sont ces maisons d’enchères qui ont les registres et ces historiques. 

Maintenant, tout cet historique est transparent et ça permet de casser un peu des barrières à l’entrée, en tout cas sur le marché de l’art où, si on n’était pas vendu par une galerie ou une grande maison d’enchères, on n’allait probablement pas vendre ou alors pas très cher.  

Ca démocratise un peu l’accès au marché de l’art. 

Comment réaliser ses transactions de NFT ?

La première étape quand on veut acheter des NFT, jetons non fongibles ou fongibles, c’est de créer un portefeuille de Cryptomonnaies. C’est dans ce portefeuille qu’on va rassembler tous ces objets numériques et qu’on va pouvoir les échanger par la suite sur des marketplaces.  

Par exemple : je vais créer mon portefeuille, à savoir une petite extension sur mon navigateur, et qui peut être relié aussi à des portefeuilles plus sécurisés, comme les portefeuilles Ledger. Ensuite, on y crédite des cryptomonnaies que l’on peut acheter de plein de manières différentes, par des plateformes dont les plus connues sont Coinbase ou Binance. On échange des euros contre des crypto que l’on transfère alors sur son portefeuille. On est pleinement propriétaire de ce portefeuille à ce moment-là, donc le fait de contrôler les clés de ce portefeuille fait qu’on est totalement propriétaire de ce qu’il y a dessus. Puis on échange des cryptomonnaies contre des tokens, fongibles ou non fongibles, sur des marketplaces spécialisées.  

On peut par exemple échanger un Ether (la monnaie de la Blockchain Ethereum) contre un NFT. L’Ether va transiter de son portefeuille jusqu’au portefeuille du vendeur et le NFT va transiter du portefeuille du vendeur jusqu’au portefeuille de l’acheteur.

Peut-on acheter des NFT avec des euros ou des dollars ?

Oui et non. Les tokens ou NFT vivent sur la blockchain, donc sont facilement échangeables avec la crypto-monnaie qui est native de cette blockchain.  

Mais il commence à y avoir des plateformes qui permettent de payer en dollars ou en euros. Ces services aujourd’hui permettent une démocratisation plus large des NFT en proposant l’achat avec des euros ou des dollars. Malgré tout, il faut toujours avoir un portefeuille créé pour que les NFT se retrouvent quelque part une fois qu’on les a achetés. Une sorte de réceptacle des titres de propriété.

Les transactions de NFT sur la blockchain sont-elles risquées ?

Le premier risque, puisque c’est une technologie encore assez naissante, c’est qu’on a un marché qui n’est pas encore mature et qu’il y a beaucoup de nouveaux acteurs qui rentrent sur le marché des crypto-monnaies. 

Avant d’investir dans les NFT, il faut bien évaluer la solidité et la qualité du projet. L’une des devises du marché de la Crypto est “Do your own Research”. C’est très important de faire ses “due diligence” lorsqu’on souhaite investir dans un nouveau projet parce qu’il y en a beaucoup qui apparaissent et tous ne sont pas forcément très solides. Il peut même parfois y avoir des arnaques, donc il faut prendre le temps de comprendre ce marché. 

Il y a quand même des acteurs qui ont fait leurs preuves et qui fonctionnent. Il s’agit en particulier des principales blockchains qui sont dans le top 10 des valorisations. Ce sont tous des projets solides avec de bonnes équipes à leur tête, mais on ne sait pas forcément la valeur qu’elles auront dans le futur non plus. 

Tout va très vite, une technologie peut en surpasser une autre en quelques semaines, donc la valorisation de cette technologie peut passer de 10 à 1 ou de 10 à 100 en quelques semaines aussi. C’est à la fois l’avantage et l’inconvénient de faire ces investissements ; c’est très volatile et la technologie est très récente, donc il faut faire attention. 

Il faut  être prêt à réinvestir seulement de l’argent qu’on est prêt à perdre pour l’instant, parce que c’est très risqué. 

Peut-on annuler une transaction de token sur la blockchain ?

La réalisation de transferts sur la blockchain délivre une véritable responsabilité. Puisqu’il n’y a pas de banque ou de tiers de confiance à appeler en cas de souhait de révoquer, ou si l’on est victime d’une arnaque, le fait d’être pleinement propriétaire de ces crypto actifs donne au détenteur une énorme responsabilité supplémentaire. 

Par exemple, on est tombé dans un piège, on ne peut pas appeler la banque et leur demander de nous rembourser. C’est une responsabilité à embrasser. C’est pour ça qu’il est très important de faire ses propres recherches et d’être très vigilant dans cet écosystème. Un grand pouvoir exige de grandes responsabilités ! 

Quelle est l’histoire des NFT ?

On entend beaucoup parler des NFT depuis l’année 2021, qui a été l’année de l’explosion médiatique des NFT.  

Les NFT ont émergé en 2017 avec l’un des premiers projets NFT, qui s’appelait à l’époque Crypto Kitties, qui a posé les jalons de cette technologie et a créé les premiers standards. A l’époque, on ne parlait pas encore de NFT. Le terme est assez récent, on appelait plutôt ça du crypto art auparavant.  

De 2018 à 2020, c’était le Bear market, un marché un peu baissier et déprimant pour la crypto. Les projets NFT n’avaient aucun intérêt à ce moment-là pour les investisseurs et les collectionneurs. Ca a quand même permis à des Market places de se structurer pendant ce temps-là. 

Dans les années 2000 est donc apparu un écosystème de marketplace qui commençait à rassembler des NFT qui devenait très intéressant et très solide. C’est à ce moment-là, début 2020, que j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet. Il y avait déjà des sites Internet où l’on pouvait acheter des NFT d’artistes digitaux qui commençaient à avoir une bonne réputation.  

Fin 2020, il y a eu un événement majeur, à savoir l’une des premières ventes de Beepple, ce fameux artiste qui, quelques mois plus tard, a vendu une œuvre à 770 millions de dollars chez Christie’s. Le fait qu’il ait fait des ventes avec de très gros chiffres, puisqu’il a réalisé sa première vente à 3 millions d’euros de NFT en un week-end, a vraiment provoqué un gros coup de tonnerre à la fois dans le milieu crypto, mais aussi dans le milieu médiatique. Ca a fait les gros titres et a mis un gros coup de projecteur sur cette technologie que personne ne connaissait avant. 

L’année 2021 a vraiment été l’émergence au grand public de cette technologie avec à la fois de la collection d’art digital, mais aussi des collectibles comme les cartes à collectionner. On a vu par exemple en France la très belle ascension de l’entreprise Sorare qui vend des cartes de footballeurs à collectionner. Il existe aussi les collections de Profile Pictures, qu’on appelle PFP, qui consiste en l’achat d’une photo de profil qu’on mettra ensuite sur ses réseaux sociaux et dont on est vraiment propriétaire. 

L’exemple de Sorare met en perspective la redynamisation de quelque chose qui existait déjà de manière extrêmement empirique à l’époque, à savoir les cartes paninis qu’on collait dans des carnets !

A combien est estimé le marché des NFT ?

Les chiffres sont hallucinants parce que, comme je l’ai dit, ça a tout de suite été un marché mondial très liquide. Le marché des NFT est passé d’environ 10 millions de transactions à l’année à un marché qui pèse 41 milliards de dollars en 2021. 

Sur la marketplace principale, qui s’appelle OpenSea, on a déjà eu plus d’un milliard de transactions durant les 6 premiers jours de l’année. On repart sur de très grosses bases. 

Le marché de l’art traditionnel est un marché à 50 milliards, donc en un peu plus d’un an, le marché des NFT a rattrapé le marché de l’art. 

Au-delà de l’art, comment peut-on utiliser les NFT ?

Ca peut s’appliquer à tout type de droit de propriété qui existe. Aujourd’hui, le plus gros, c’est l’art digital parce que c’est un marché qui était inexistant avant l’arrivée des NFT. Avant les NFT, un artiste digital ne pouvait pas gagner d’argent avec son art donc ça a vraiment fait un appel d’air et tous les artistes digitaux du monde entier se sont engouffrés là-dedans. 

L’art a été le premier cas d’usage très concret des NFT mais ça reste un marché de niche par rapport à toutes les possibilités qu’offrent les NFT. Si on veut repasser dans des cas d’usage un peu plus business, on peut s’apercevoir qu’il va y avoir beaucoup de cas d’usage NFT dans le milieu de la finance où il y a beaucoup de titres qui sont créés de manière digitale. On peut les imaginer tokenisés et échangés sans tiers de confiance.  

C’est l’avènement d’un système de finance décentralisée où il n’y a plus forcément besoin de tiers de confiance : je n’ai plus besoin d’avoir une banque pour faire un emprunt ni d’un tiers bancaire ou financier pour mettre des liquidités et avoir des taux d’intérêt sur ces liquidités. 

C’est aussi intéressant sur le côté logistique. On peut avoir une meilleure traçabilité de toute la chaîne de fabrication, de la fabrication jusqu’au client final où il pourrait simplement scanner un QR code ou un code barre et voir toutes les étapes par lesquelles le produit a transité. Et ça a des implications pour le marché du luxe en particulier, où il y a de gros problèmes de contrefaçon. On pourrait ainsi s’assurer de l’authenticité d’un produit qu’on achète, en particulier sur le marché secondaire. 

Quel lien existe-t-il entre NFT et Metaverse ?

Le Metaverse correspond à un monde digital qui serait un jumeau numérique du monde physique dans lequel on aurait aussi la propriété sur différentes choses : de l’immobilier, des objets, sa maison, des œuvres d’art, des vêtements, des accessoires, des jeux, etc. 

Dans ce jumeau numérique du monde physique, les NFT attestent de l’authenticité de ces objets et c’est justement ce qui donne de la valeur à tout cet écosystème et qui crée une économie à l’intérieur de ces mondes numériques contrairement à ce qui s’était fait avec les précédents metaverse comme Second Life ou Les Sims.  

La différence, c’est qu’on a vraiment une économie qui peut tourner grâce aux NFT et aux crypto monnaies. Avec la pandémie, la digitalisation du monde et tout le que l’on passe derrière notre écran, on peut imaginer qu’il puisse exister une économie de la même manière qu’il y a une économie dans le monde réel. 

Dans le monde réel, on va dans les magasins, au supermarché, on achète des objets. On peut imaginer peut avoir ce même type d’économie dans un monde digital dans lequel on passerait beaucoup de temps aussi. C’est peut-être notre avenir ! 

Il y aura des avantages et des inconvénients. Pour moi, une bonne inspiration pour imaginer ce que peut être le metaverse c’est le film et le livre Ready Player One que j’invite tout le monde à lire ou à regarder. Il donne une meilleure compréhension de ce qu’est un monde digital avec une économie interne.

Quelle sera la place des entreprises institutionnelles dans ce monde digital ?

Il y a beaucoup de choses à créer, à inventer. Je pense que chaque entreprise peut trouver son cas d’usage et la première étape, c’est de s’intéresser à ce milieu du web décentralisé ou Web3 comme on l’appelle. 

Nous par exemple, chez Ledger, on a des projets comme par exemple : pour chaque article vendu par une marque, le client pourra recevoir à NFT et ce NFT pourrait donner accès, comme une carte de membre, à des services supplémentaires, des services VIP, des ventes privées, à des lounges, à des événements particuliers, etc. C’est un premier cas d’usage intéressant où NFT devient un token qui a une utilité pour le client et qui permette à la marque d’avoir une relation plus directe avec ses clients. 

Pour une marque, la possibilité de créer une communauté grâce à des NFT va se voir de plus en plus en 2022. 

Concernant le milieu du monde traditionnel, de la finance, l’intérêt des NFT est de pouvoir tokeniser comme on l’a vu des documents légaux, des droits de propriété, des preuves d’authenticité. 

Comment les acteurs historiques, comme Sotheby’s, réagissent par rapport à l'émergence de ce nouveau type de transactions ?

Les réactions face à cette nouvelle technologie sont assez diverses en fonction des secteurs et de chaque entreprise.  

Par exemple, sur le marché de l’art, les maisons d’enchères traditionnelles telles que Christie’s et Sotheby’s ont plutôt bien réagi et ont presque cherché à embrasser ce nouveau secteur des NFT, même si cette technologie, à l’origine, a un peu été créée pour les court-circuiter. Elles se mettent à vendre elles-mêmes des NFT d’une manière assez différente de ce qu’elles faisaient traditionnellement, avec un tout un business model qui est entièrement différent de leur business traditionnel d’art physique. 

Dans le secteur bancaire, on peut voir beaucoup de disparités notamment géographiques. Aux États-Unis par exemple, les banques commencent réellement à créer des produits financiers qu’elles proposent à leurs clients qui sont adossés sur des actifs numériques tels que des crypto monnaies. Alors qu’en France, on a encore beaucoup d’hésitation et les conseillers bancaires nous disent que la politique de la maison est d’interdire toute transaction d’un Exchange Crypto vers un compte bancaire chez eux. 

De ce côté-là en effet, on peut dire qu’ils freinent vraiment des 4 fers sur ce sujet. 

C’est encore assez compliqué en France, la réglementation fait qu’il y a pas mal de flou autour de ça, donc elles ne veulent pas forcément prendre de risques sur ces sujets. C’est compréhensible, mais je pense qu’il faut quand même essayer de trouver de nouveaux business model autour de ça plutôt qu’essayer de s’y opposer parce que là, le train du web décentralisé est parti. 

Ce mouvement ne va pas s’arrêter là donc autant essayer d’en tirer profit, de commencer à travailler avec ou en tout cas d’essayer de comprendre ce secteur et voir quelles peuvent être les opportunités plutôt que d’être dans le déni ou dans la peur de cette technologie. 

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait s’intéresser aux NFT ?

Il y a différentes blockchains qui proposent des NFT, et la principale s’appelle Ethereum. Le problème de cette blockchain est que les NFT qui se trouvent dessus sont souvent très chers ainsi que ses frais de transaction, car c’est un réseau qui n’est pas encore complètement passé à l’échelle. 

Contrairement à un réseau tel que visa où Mastercard qui peuvent traiter des dizaines de milliers de transactions, le réseau Ethereum peut en traiter beaucoup moins, je dirais quelques dizaines toutes les secondes.  

Par contre, il y a un autre réseau un peu plus confidentiel qui s’appelle Tezos, qui est d’ailleurs une blockchain en partie française, sur lequel il y a des NFT artistiques qui sont très intéressants. On peut donc commencer à en acheter et à comprendre un peu comment acheter des NFT en prenant très peu de risques parce que les NFT qui sont dessus sont très peu chers, ils coûtent quelques Tezos, ce qui correspond à une dizaine d’euros par exemple. Et les frais de transactions sont très faibles. 

Pour ça, il suffit de se créer un portefeuille compatible avec la Cryptomonnaie Tezos, le portefeuille de référence s’appelle Temple Wallet, créditer un peu de Tezos dessus en allant sur une plateforme d’échange, transformer de l’euro en Tezos, envoyer ces Tezos sur son portefeuille Temple Wallet et ensuite utiliser des marketplaces qui vendent des NFT comme object.com qui est la plateforme de référence sur ce réseau aujourd’hui.  

Il faut commencer, tout simplement, à explorer les artistes qui existent, à faire ses propres recherches, à comprendre les codes des artistes, comprendre pourquoi tel NFT est plus cher qu’un autre, etc. 

Mon conseil : commencer à s’y intéresser avec assez peu de risques, prendre le temps et ensuite ça permettra d’ouvrir des opportunités par la suite sur d’autres secteurs du web décentralisé. 

Il faut essayer de l’utiliser pour comprendre ! 

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